Le bulletin de l’association KDC

LE MOT DE LA PRESIDENTE

Par Chantal GRIMAUD

Voilà vingt ans, Radio Kaléidoscope faisait son entrée sur les ondes. Que de chemins parcourus depuis l’appartement de la rue Sarah Bernhardt à Saint Martin d’Hères, au sein duquel les pionniers de RKS se retrouvaient chaque soir un peu à l’étroit, certes, dans ces lieux transformés en studio pour la circonstance, mais rien ne pouvait retenir leur fougue.

Ce fut aussi l’époque des folles équipées en Italie, à Padova, afin de ramener le matériel nécessaire, voire de le réparer.

Puis Kaéidoscope a grandi, se structurant, et les premiers locaux ont vu le jour au Village Olympique, maintes fois remaniés, grâce à la collaboration de tous ses membres, l’un avec un pinceau,l’autre avec un marteau ou une truelle.

Les premières années, doit-on le reconnaître furent très difficiles et notre directeur, Vincent, a du déployer toute son énergie et sa volonté que tout un chacun lui connaît, pour maintenir le cap contre vents et marées, et Dieu sait que les obstacles ne lui furent pas épargnés.

Aujourd’hui, Radio Kaléidoscope 97 FM, forte de ses salariés, a vaincu les obstacles : les ordinateurs ont remplacé les magnétos à bandes, les studios d’enregistrement se sont modernisés.

Surtout, notre station est reconnue, non seulement, au sein de notre région, mais aussi à l’extérieur, ce qui représente une belle victoire.

17 Janvier 2002

Historique de la Radio

Une histoire de Liberté…

Radio Kaléidoscope est née officiellement le 7 décembre 1981 à Saint Martin d’Hères.

A l’origine de ce projet, quatre grenoblois dans le vent :

Denis POIZAT, artisan-charpentier

Guy RABASA, urbaniste

Philippe TRUCHE, agent commercial

Vincent SOUSSI, cinéaste.

Ainsi le 23 décembre 1981, pour la première fois dans notre ville, les grenoblois pouvaient entendre sur la bande FM, des émissions en langues étrangères.

Ce fut la naissance de cette station à vocation pluriculturelle, projet qui sert toujours de référence, 20 ans après sa création.

De décembre 1981 à mars 1982, les programmes, à raison de trois heures par jour, étaient diffusées depuis un appartement de 4 pièces, situé rue Sarah Bernhardt à SMH. Les premières émissions se faisaient en espagnol, anglais, néerlandais et bien sûr en français.

Puis vint le grand jour. Une soixantaine de personnes motivées et impliquées dans cette aventure entreprenaient les travaux nécessaires à la réalisation des studios, en investissant de leur temps mais aussi de leur argent. Depuis avril 1982, était inaugurée dans le foyer des Jeunes Travailleurs “Les Ecrins”, la nouvelle structure technique composée de studios de production et de diffusion. A partir de cette date, une quarantaine d’équipes se relayèrent afin d’assurer la pérennité des émissions, à savoir 10 heures de programmes par jour.

La volonté d’expression d’une culture locale et le désir d’accéder aux moyens d’information doivent être à la portée de tous : non seulement aux citoyens de nationalité française et à leurs associations vivant à Grenoble, mais aussi aux ressortissants des pays étrangers et à leurs associations qui, également concourent à la vie économique, sociale et culturelle de notre ville en constituant une des composantes spécifiques des forces vives de notre société.

Une radio locale pour toutes les minorités et non aux profit d’une minorité.

Questions directes au Directeur de Radio Kaléidoscope, M. Vincent SOUSSI

1. L’un des actes fondateurs de Radio Kaléidoscope à sa création, a été de se mettre au service des minorités, sans tomber dans le piège du communautarisme. Pensez-vous que l’objectif a été atteint, vingt ans après ?

Vincent SOUSSI : Absolument. Quel que soit la communauté, l’individu est porteur de messages qui lui sont personnels. Certains peuvent être perçus par l’ensemble de l’auditorat comme une transmission culturelle, d’autres comme une démarche d’analyse de situation qui font notre environnement, donc qui nous sont à tous communes. C’est pourquoi, plutôt que de se refermer dans un discours communautaire, Kaléidoscope a fait le choix délibéré de mélanger les cultures, donc les sensibilités. Finalement ça été le fruit d’une démarche naturelle, qui tout au long de ces 20 ans, a connu l’implication de plus de 1500 individus.

2. Radio Kaléidoscope affiche des intentions iconoclastes et anticonformistes et dénonce certains travers de la société et de l’économie. Quelle est l’impact d’un tel discours et le rôle que peut jouer une telle radio dans le paysage audiovisuel grenoblois (de plus en plus consensuel) ?

V.S. : Depuis sa plus “tendre enfance”, Kaléidoscope par ses positions en marge des analyses traditionnelles consuméristes, s’est évertuée à favoriser la réflexion. Notre société génère une information que les médias, avec leurs conventionnels, tendent à minimiser ou grossir selon les intérêts des “sponsors”. La rédaction de Kaléidoscope s’est, elle, donnée pour objectif de jouer un rôle suffisamment critique pour éveiller la faculté d’analyse de son auditorat. C’est ce qui lui confère dans le PAF régional, un statut particulier.

3. Quelles ont été les difficultés et comment s’est déroulée la transition entre tradition (radio artisanale, informelle au départ) et modernité (radio utilisant les NTIC) ?

V.S. : Pour une structure comme la nôtre, la plus grande difficulté a toujours été d’ordre économique. Comme nombre d’associations, nous dépendons de subventions et de la bonne volonté des politiques. Nous avons donc appris depuis le début, à faire de la radio “avec des bouts de ficelle” ! Ce parcours du combattant nous a paradoxalement permis par la suite, de franchir l’étape du numérique sans encombre. Notre statut de radio de proximité, n’a jamais freiné notre volonté de maintenir notre outil au même niveau de qualité de transmission que celui des dites “grandes stations”. Bien que nos possibilités d’investissements aient été modestes, notre infrastructure est aujourd’hui comme hier, à la pointe de la technologie. Notre remise en question permanente à tous les niveaux, a amplement favorisé l’évolution de notre projet radiophonique.

4. Quelles perspectives entrevoyez-vous à moyen terme pour cette radio et pensez-vous continuer sur les mêmes objectifs de départ ?

V.S. : L’originalité d’un projet comme celui de Kaléidoscope repose essentiellement, sur l’aspect atypique de ses programmes. En 20 ans, nous avons traversé plusieurs phases, souvent sous l’influence ambiante des autres stations. Depuis 10 ans, avec l’expérience acquise, nous avons compris que la viabilité du projet reposait sur son originalité. C’est à partir de ce moment que d’une certaine façon, nous avons “radicalisé” notre discours. A nos objectifs de départ essentiellement sociaux, sont venus se greffer d’autres projets plus culturels. Si l’on devait formuler un souhait pour Kaléidoscope, ce serait d’amplifier dans sa programmation quotidienne, sa part d’oralité, à savoir plus de présence de conteurs, poètes, écrivains, dans le but de protéger le patrimoine culturel de tout un chacun.

En conclusion, il est évident que sans l’apport intellectuel et militant de ces milliers de collaborateurs, qu’a connu la radio depuis 1981, cette merveilleuse aventure n’aurait pu se pérenniser dans le temps.

Les animateurs témoignent…

Daniel et Denis de Bluesy :

«…100 ans de blues, c’est l’Histoire. 20ans de radio Kaléidoscope, c’est notre anniversaire. 15 ans de bluesy, c’est une histoire qui commence à durer et nous aurons bien besoin de 20 prochaines années pour explorer une musique intemporelle… »

Bluesy : Mercredi de 20h à 21h30

Fred de Créolité :

« Radio kaléidoscope a 20ans, félicitation à la direction, qui a su maintenir hors de l’eau avec courage et peu de moyens, cette radio spécifique de proximité. Une radio à contre courant du raz -de-marée des médias commerciaux. Ce qui m’a attiré et conforté, c’est l’indépendance, la pluralité, l’anticonformisme de cette radio. Dire les choses, dénoncer, faire découvrir sans aucune contrainte. Ce que l’on peut faire et dire sur la fréquence 97 serait quasi impossible sur une autre !… »

Créolité : samedi de 13h30 à 15h

Francisco de Que Faire ?

« …nous partageons ta vision de ce que
doit être une radio communautaire, libre, indépendante, laïque, attachée aux droits de l’homme et attentive à l’environnement. Par c’est que plurielle et pluraliste tu refuses la communication marchande. Par c’est que tu respectes scrupuleusement la déontologie des journalistes et ouvres au rayonnement culturel des communautés. Par c’est qui tu as un statut associatif, un fonctionnement démocratique et un financement cohérent avec le fait qui tu n’as pas de but lucratif.
Radio Kaléidoscope est solidaire des communautés, des minorités, des opprimés et de communautés qui travaillent avec toi permettant à chacune de remplir au mieux sa mission. »
Par c’est que, comme dit Mumia Abu Jamal, tu es la « Voix des Sans Voix. »

Que Faire, spécial ? vendredi de 17h30 à 19h30

Aboubaker du Temps du Monde

« Radio Kaléidoscope fête donc ses 20 ans. Inutile de rappeler la célébration en concomitance du centenaire de la promulgation des Lois sur les Associations. Radio libre, Lois d’association ? toutes poursuivent le même combat ; celui de la liberté. Un des actes fondamentaux des Droits de l’Homme. Nous avions fait le pari de parler de liberté explore à la Radio Kaléidoscope : le Temps du monde explore ces thèmes de liberté ou de libération : que cela soit en Afghanistan, ses guerres ; la Palestine, son occupation ; les combats pour la libération du néocolonialisme et du libéralisme ; les guerres oubliées mais qui peuvent resurgir à tout moment. Oui nous parlons de ces combats au quotidien. Et comme le dit André Malraux : «reconnaître la liberté d’un autre, c’est lui donner raison contre sa propre souffrance». Radio Kaléidoscope nous donne justement la liberté de dénoncer ces manquements à la liberté. »

Le Temps du Monde, chaque jeudi de 18 à 19h et redif. Dimanche à 14h

Contact : RADIO KALEIDOSCOPE 97 FM
BP 422
38018 Grenoble cedex 01 - France

Tél. : 0476090909
Fax : 0476402923
Courriel : radio.k@free.fr